NIKITA

NIKITA

« Nikita Samoyède » Louise Gaudreau


Je me suis impliquée dans l’élevage de façon assez surprenante. Il y a plus de 25 ans, mon fils voulait que nous ayons un chien, mais j’avais, à l’époque, très peur des chiens. Regardant dans des magazines spécialisés (internet était à ses tout débuts), j’ai remarqué une race qui me semblait sympathique et qui me faisait moins peur. Blanc, petit et souriant, l’Esquimau Américain m’attirait. Nous avons donc contacté un éleveur et nous sommes allés en famille le rencontrer. Malheureusement, notre premier Esquimau Américain, qui était un retour à l’éleveur de 4 mois, est décédé suite à sa stérilisation en pleine crise du verglas. Ce fut un choc énorme pour toute la famille. Nous nous sommes alors tournés vers l’éleveur pour adopter un chiot de 8 semaines. J’ai suivi des cours d’obéissance pour me permettre d’avoir un meilleur contrôle et j’ai eu un apprentissage à la dure car les techniques utilisées par le professeur étaient basées sur la force et la punition malheureusement, ce qui ne répondait pas à mes valeurs. Pixel fut tout de même un très bon chien qui m’a, par hasard, mené vers le Samoyède.

En effet, à la deuxième rencontre avec l’éleveur de Pixel, j’ai fait la connaissance d’un samoyède qu’elle désirait introduire dans son élevage. Je suis tombée en amour ! Assez que j’en voulais un, moi qui avait peur des chiens. Nous nous sommes donc mis à la recherche d’informations sur la race et d’éleveurs au Québec. Entre temps, par l’entremise des petites annonces du journal local, nous avons vu qu’il y avait des chiots à vendre pas loin de chez nous. La personne avait acheté une maison à la campagne et l’ancienne propriétaire lui avait laissé ses deux samoyèdes. Il s’est trouvé que, sans le savoir et à sa grande surprise, la femelle a donné naissance à une portée de 11 chiots dans la grange. Je lui ai demandé si elle avait la certification que c’était des samoyèdes. Elle m’a montré un bout de papier écrit à la main par l’ancienne propriétaire disant que c’était de vrai samoyèdes Il était trop tard, j’étais en amour avec cette petite boule poil que nous avons nommé Sam. J’ai également suivit des cours d’obéissance avec Sam qui se sont mieux déroulés puisque j’étais capable de me faire comprendre sans utiliser la force et que Sam était un chien très obéissant de nature.

La recherche d’un samoyède provenant d’un élevage enregistré s’est tout de même continuée car nous avions droit d’avoir trois chiens dans la ville où nous demeurions et je voulais un vrai samoyède. J’avais la piqure de la race. Nous avons finalement trouvé un éleveur à qui nous avons montré Sam et qui nous a mis en présence de ses samoyèdes. Le choc fut énorme ! Bien que Sam avait les caractéristiques physiques et comportementales du samoyède, les samoyèdes de l’élevage Samovar de Myriam Mantle étaient spectaculaires face à notre beau Sam. Depuis un certain temps, nous allions en famille à des salons et à des expositions de conformation, afin d’acquérir plus d’informations.

Nous avons ensuite continué de fréquenter les expositions de conformation, pour y voir principalement des samoyèdes et échanger avec des éleveurs de différentes races, tout en attendant le chiot mâle que j’avais pu réserver de Myriam Mantle avec laquelle nous étions devenus amis. Celui-ci est devenu une femelle car il n’y avait pas de mâle disponible dans la portée. Maya m’a été vendue comme chien de compagnie, mais je désirais essayer de lui faire faire son championnat désirant expérimenter cet aspect du monde canin. Myriam ne s’est pas objectée bien qu’elle me disait que ce n’était pas un chien de show. L’expérience fut difficile, moi qui n’était pas très compétitive et Maya qui faisait son tour de ring pour me faire plaisir pour ensuite retourner rapidement dans sa cage. Elle a terminé son championnat avec l’aide d’un manieur pour faire ses deux derniers points.

Je continuais à aller à des pratiques de conformations avec Maya tout en allant en show, mais maintenant l’idée de faire une portée avec Maya commençait à faire son chien. Je voulais tenter
l’expérience ayant acquis de plus en plus de connaissances. Je voulais aussi avoir mon mâle que je n’avais pas eu, mais cette fois qu’il soit vraiment un chien de show. Mais je devais déménager à la campagne pour ça et c’est ce que nous avons fait après de nombreuses recherches car nous voulions nous assurer que, si éventuellement, je voulais faire de l’élevage et avoir plus de chiens, ce serait possible. Après notre déménagement à la campagne et comme ça devenait plus sérieux, j’ai fait la demande du nom de chenil « Nikita ». Qui est devenu ensuite en répondant à plusieurs critères, un nom permanent au Club Canin Canadien.

Maya ayant passé ses examens des yeux et des hanches avec succès, Myriam m’ayant donné l’autorisation de faire une portée avec Maya et l’expérience ayant été positive, j’étais déjà vraiment passionnée et de mieux en mieux informée grâce à un réseau d’éleveurs dans lequel j’évoluais maintenant et l’implication dans une association d’éleveur (APECQ) donnant des cours et des conférences aux membres.

J’ai eu mon mâle de show « Kanuck », mais j’ai aussi importé une femelle d’Italie et acheté deux autres femelles, une d’un éleveur en Ontario et l’autre d’un éleveur en Alberta. J’étais partie sur les chapeaux de roue vers une aventure qui dure depuis plus de 20 ans maintenant. Bien sûr il y a eu des périodes difficiles comme tous les éleveurs, et il y en a encore, mais il y a aussi beaucoup de satisfactions de voir le chemin parcouru et cette belle réussite.

Au fil des années et en me faisant connaître auprès d’éleveurs internationaux, ça m’a amené à importer des samoyèdes d’éleveurs réputés aux USA, en France, en Estonie et au Canada dans le but d’améliorer mon élevage. Jusqu’à ce jour, plus de 50 samoyèdes portant l’affixe Nikita sont devenus Champion et Grand Champion Canadien et aussi Champion Américain (AKC). J’ai aussi produit des samoyèdes qui sont devenus Champion FCI International de différents pays. J’ai eu à plusieurs reprises, et j’ai encore actuellement, des samoyèdes qui ont remporté des « Top Show Dog Award » du CCC terminant parmi les 5 premiers samoyèdes au Canada. Plusieurs de mes samoyèdes ont gagné des prix dans des Spécialité Régionales et Nationales.

À sa retraite, mon conjoint m’a grandement aidé avec l’élevage en plus de s’impliquer pour la race. Il a entre autre fait partie du conseil d’administration du Samoyed Association du Canada (SAC) pendant plusieurs années, organisé une première spécialité de samoyèdes au Québec depuis les 42 dernières années et fondé le Club Samoyède du Québec qui existe maintenant depuis plus de 5 ans et qui organise à chaque année une spécialité Régionale auquel aux quatre ans s’ajoute une spécialité Nationale. Notre philosophie a toujours été que tous les éleveurs de samoyèdes travaillaient pour la même cause et que nous devions nous entraider. C’est pourquoi, nous avons aidé, jusqu’à ce jour, le démarrage de 6 nouveaux éleveurs tout en faisant du mentorat avec plusieurs éleveurs car nous désirons qu’après nous, il reste une relève d’éleveurs compétents au Québec, contrairement à il y a 25 ans où il n’y avait que 2 éleveurs enregistrés.

Les prochaines années s’annoncent difficiles car l’âge nous force à diminuer graduellement nos activités d’élevage, mais la relève des éleveurs responsables au Québec nous encourage et déjà, leurs succès nous réjouissent gradement.